La soirée s'était déroulée tout à fait normalement, j'étais rentré chez moi, j'avais allumé la télé et je m'étais ennuyé. Puis, comme à la belle époque, je décida d'aller boire une verre dans le bar du coin. Toujours rien de bien extravagant... Je me souviens cependant que je descendais bien trop vite les bières puis les shots que je commandais. Je sais pertinemment que je deviens irritable une fois que je suis un peu éméché. Je suis d'une nature impulsive et l'alcool à tendance à accentuer mes mauvais cotés. A vrai dire, je ne me souviens plus en détail de l'élément déclencheur. Ce que je sais c'est que je me suis battu...et bien battu, avec un inconnu. Si bien que je me suis retrouvé sur un lit d'hopital inconscient et lui, sans doute, au commissariat.

J'avais un affreux mal de crane, mais je ne pouvais pas dire si s'était plutôt à cause de la gueule de bois, ou le choc que j'avais reçu sur la tête.
Ma tempe était ouverte et elle me « brulait » un peu.Quelques quelques points de soutures avaient déjà été fait sur cette blessure. Mon arcade venait à peine de cessé de saigner. Je passa ma main sur mon front et laissa échapper un petit gémissement. Au moment où je tentais de me redresser, une infirmière est apparue.

-Attention, veuillez rester encore un peu couché
je lacha un soupir avant de répondre à la brunette
-C'est bon, je ne me sens pas trop mal
-Vous avez reçu un gros choc, et vous êtes resté un long moment inconscient, une grosse partie de la nuit et tout ce matin-
On était déjà l'après-midi !? J'eu une poussée d'adrénaline qui parcouru tout mon corps. Mes muscles se contractèrent et je ne pu m'empêcher de « sauter » du lit. A peine étais-je debout que ma tête tournait et que j'eu l'impression que mes jambes allaient se dérober sous mon poids. Je regarda rapidement l'infirmière avant de lui répondre.
-Je dois vraiment partir-
Elle n'eut pas le temps de répondre que je l'écarta de mon chemin pris au passage mon veston dans l'armoire qui servait de penderie et sortis en trombe de ma chambre. J'étais complètement désorienté, je n'avais encore jamais mis les pieds dans cet hopital et surtout ma tête tournait de plus en plus. Je ne voyais pas très clair mais je ne pouvais pas rester plus longtemps ici. J'avais dans l'idée d'atteindre l'accueil, d'annoncer mon départ et de remplir la paperasse, mais pour l'instant j'étais plus entrain de vagabonder dans les couloirs avec au loin la voix de l'infirmière que me disait que je ne pouvais pas encore partir. Au diable ses indications, je me connais mieux qu'elle et surtout j'ai des obligations, je ne peux pas rester à l'hopital.
Tout en marchant je me retourna afin de rendre un sourire moqueur à cette infirmière, comme pour lui dire « cause toujours, tu m'intéresses » mais avant même de faire preuve de cette arrogance qui me caractérisait bien, je percuta quelque chose. Je manqua de peu de m'écrouler sur le sol mais me rattrapa à l'objet qui était la cause de mon déséquilibre. Je poussa un soupir d'exaspération avant de voir que j'avais percuté un homme en fauteuil roulant. J'allais lui présenter mes excuses lorsque je reconnu ce jeune homme. J'eu l'impression qu'un nœud s'était formé dans mon estomac, et immédiatement après le nœud à l'estomac, j'eu la nausée. Non, ce n'était pas à cause de ma cuite d'hier, c'était le souvenir de ce jeune homme et du drame qu'on avait causé, un « ami » de beuverie et moi, quelque mois auparavant. Mon teint passa du pâle à fantomatique. De tout les patients de cet hopital, il fallait que je tombe nez à nez avec cet éclopé... Je ne pouvais plus piper un mot, à cet instant, je n'espérais qu'une chose : qu'il ne m'ait pas reconnu...

Je n'aurais pas imaginé que l'adolescent réagirait ainsi. Bien sûr, il est légitime qu'il soit froid ou même légèrement agressif, mais pour qui me prenait-il ?! Une sorte de monstre sans moral, ou sans honte ? Pourquoi j'irais me pavaner devant la famille ou les amis de l'homme qu'indirectement j'ai mis en fauteuil roulant ? Au contraire, si je les croisais, j'essaierais plutôt de me faire discret...
Quoi qu'il en soit le ton employé par le jeune homme me déstabilisa fortement. Moi qui d'habitude est envahi par un sentiment de supériorité, en ce moment j'avais plus l'impression d'être...quelque chose d'inqualifiable. C'était peut -être le coup sur la tête.
Pour la première fois j'enviais les personne de petites tailles et de faibles ossatures, elles ont moins de peines à se faire toutes petites, non ? En tout cas, elles sont moins repérables et reconnaissables...

Un infirmier était venu en renfort, pour me « faire entendre raison ». Qu'elle garce cette brunette ! Il faut toujours se méfier des jolies infirmières... J'allais finir par céder; au final, ils n'avaient pas tellement tort.
J'avais l'impression que quelque chose était à l'intérieur de mon crane et me frappait de plus en plus fort pour en sortir. En plus de ces maux de tête, mon équilibre ne cessait de flancher. Le bougre d'hier avait du taper sacrément fort. Pourtant, malgré tout ça je réussi à entendre ce que l'handicapé avait murmuré : « Il n'a aucun respect pour la vie ».
J'avais beau ne pas être en pleine forme, ces paroles firent faire qu'un tour à mon sang. Je me redressa rapidement, bousculant au passage l'infirmier et me mis en travers de la route de l'adolescent.

-Tu peux répéter ce que tu as dis!? J'ai du mal entendre, parce qu'il me semble que je n'ai empiété sur la vie de personne, tu es bien vivant!-

Je ne sais pas si c'est l’énervement, la fatigue ou le fait que je me sois relevé trop rapidement, mais je me rendis compte que mes mains tremblaient légèrement. Je ferma les points, tentant de controler ces maudits tremblements tout en essayant de recouvrer mon calme. Ma tempe et mon arcade  « tapaient » fortement, au rythme de mon pouls. Et je mettrais ma main à couper, que la veine au milieu de mon front était entièrement visible.
Non, je ne suis pas lunatique, juste irritable et je prends ce petit murmure plus comme un coup bas qu'autre chose. Si il veut régler ses comptes, qu'il me le dise en face, mais en aucun cas qu'il me juge sans me connaître.

-J'ai plus pitié pour toi, en plus d'être temporairement handicapé, tu es lâche et tu t'en prends à ceux qui n'ont rien fait. C'est peut-être pour ça que personne ne veut t'accompagner-

Quelle réaction de gamin ! J'en conçois, on va mettre ça aussi sur le coup des maux de tête mélangés à un égo légèrement blessé. Un cocktail d'émotion, qu'après une cuite et quelques heures inconscient sont plutôt difficiles à gérer. Et qui , j'avoue, serait aussi difficile à gérer en temps normal.
La situation devait paraître plutôt risible, un grand bonhomme tenant difficilement en équilibre "agressant" un adolescent en fauteuil...Oui ça devait être ridicule. Je tourna le dos à mon "adversaire", passa ma main dans mes cheveux et alla me vautrer sur le banc qui était contre le mur.