[Terminé] Un simple coup de fil

**David Hawkins**

Cela faisait presque un mois. Un mois qu'on m'avait coupé les vivres. Mais surtout un mois sans nouvelle de personne.
Au début j'avais tenté de prendre des nouvelles, de téléphoner. Enfin, non c'est pas vrai. Au début j'étais furieux de leur réaction puérile et s'ils avaient eu le culot de répondre, je n'aurais pas pris la peine de m'excuser, mais je les aurais incendié dans un vocabulaire plutôt rustre. Pourtant, les choses avaient changé, et même si un mois pouvait être une période courte, j'avais l'impression que de l'eau avait coulé sous les ponts. Je sentais que j'avais mûri. Pourtant, ma relation avec ma famille était restée au statu quo. Ils ne répondaient toujours pas à mes appels. J'avais comme l'impression d'être seul au monde, isolé et ce qui me frustrais le plus c'est que j'étais certain qu'ils vivaient parfaitement bien sans moi, alors que ce n'était pas réciproque.

Pour ma pause de midi, j'avais décidé de manger mon sandwitch dans le « fameux » parc de Red Wing. D'après mes collègues, on y était tranquille et on avait le temps de s'y poser avant de devoir recommencer le taf.
Le temps... Ce n'était pas ce qui me manquait, et j'aurais bien préféré ne pas en avoir trop justement... En prenant une première bouchée de mon sandwitch, je sortis mon smartphone de ma poche. Je regarda machinalement l'heure, puis je joua quelques secondes avec en le lançant de quelques centimètres de hauteur puis le rattrapant. Au bout de la troisième fois, je faillis le manquer, je décida donc de le poser à coté de moi et de continuer à manger mon sandwitch en évitant de casser un objet aussi utile et indispensable qu'était mon téléphone.

Pourtant, tel un enfant, mon attention ne pu se détacher de l'objet. Je le repris en main et consulta mes contacts. Je n'avais l'intention d'appeler personne, jusqu'à ce que je vois le nom de ma sœur. Oui, je voulais lui reparler, lui dire que j'ai été idiot, que je veux revenir, et cette fois pas pour reprendre mes anciennes habitudes, mais pour agir en adulte. Mais j'étais certain qu'elle ne répondrait pas, elle encore moins que mon père. Je poussa un soupir :

-Oh et pis merde...ça ne coûte rien...-

J'avais appuyé sur le bouton d'appel et avais mis mon téléphone sur haut parleur. Ca faisait moins stupide que de le mettre à l'oreille et d'attendre indéfiniment alors qu'elle ne répondrait sûrement pas.

...Bip...Bip...Bip..

-Allô?-

Si on appel quelqu'un, c'est qu'on a l'intention qu'il réponde, mais cette réponse me surpris tant, que je faillis en lâcher mon smartphone. Je coupa le haut parleur et précipita l'objet à mon oreille.

-Eva!-
-Allô ! David ?….pfff...j'entends rien...-
-Eva ...-
Bip bip
-C'est pas possible ! Fait chier!- La rage était telle que je cru que mes mains allaient broyer ce maudit téléphone. Je l'entendais enfin, et voilà que dans ce maudit parc il n'y avait assez pas de réseau ! Tout est toujours contre moi ! Oui ça fait un peu le remake de Caliméro, mais c'est lassant de ne jamais avoir de chance.
Je passa ma main dans mes cheveux et tira sur mes mèches, comme si ça arrangerait quelque chose..
J'allais ranger mon smartphone dans ma poche quand celui-ci tomba. J'entendis quelque chose se briser. C'est pas possible, j'avais réussis à manquer cette maudite poche.
Je n'avais qu'une envie, c'était de hurler. Mais le parc n'était pas vide et je n'avais pas envie de me donner en spectacle. Je me contenta de prendre une grande inspiration et de lever les yeux au ciel. Puis, changea encore une fois d'avis, je laissa ma rage éclater et lança un violent coup de pieds dans les débris de mon smartphone.

-Maudite ville paumée!-

**Alexis Smith**

Alexis cherchait l'inspiration dans sa ville ... Ou plutôt il cherchait a fuir la folie de savoir qu'il avait une famille au loin qui avait s'était recomposée en l'oubliant tout simplement jusqu'au jour où ils auraient besoin de lui. Mais il n'allait pas les laisser faire. Malgré tout il se sentait mal. Comme si la vie venait le poignarder pour lui rappeler qu'elle était la reine et qu'elle était une chienne. Oui c'était une belle chienne qu'on ne pouvait s'empêcher d'approcher au plus près avant de se faire mordre avec violence. Il avait échoué dans sa relation avec Charlie à cause de son travail. Il a l'impression d'avoir en partie raté aussi sa vie professionnelle. Alors quand il vit la réaction de cet autre qui laissait éclater sa rage il eut un sourire amusé.

"- Bien le bonjour monsieur. Un peu énervé ? Vous devriez vous calmer ... Le stress est mauvais pour la santé."

Alexis souriait doucement comme si la chose qu'il venait de dire était amusante mais cela n'était pas réellement son opinion. Alexis avait trouvé une possible distraction et cela le faisait sourire de plaisir. Au moins il n'avait plus à penser à rien du tout autre que cette personne qui semblait presque au bord du précipice. Son instinct d'écrivain le lui disait alors il l'écoutait pas s'énerver mais il pourrait lui tirer un peu de sa peine pour en faire une force ou une faiblesse dans son univers.

"- Vous semblez être au bord d'un précipice."

**David Hawkins**

Si j'avais été un peu moins aveuglé pas cette rage, ou du moins si j'avais su la canaliser, cet inconnu arrogant ne serait sûrement pas venu m'aborder avec cet air si hautain. Pourtant, canaliser mes émotions n'a jamais été mon point fort. Je me suis toujours laissé soit déborder, soit tenter sans jamais penser à la suite des événements et aux conséquences que mes « pulsions » engendreraient.

Lorsque l'inconnu m'adressa la parole, je lui offris un sourire hypocrite avant de m'adresser sur le même ton qu'il avait utilisé :
-Bien le bonjour l'ami, merci de vous inquiéter de ma santé, mais je me porte comme un charme. Quels types de problèmes pourrait-il y avoir dans une ville si charmante loin du traqua des grandes villes?-
Je tourna ensuite le dos à l'inconnu dans le but de ramasser les débris de mon téléphone que j'avais éjecté. En agissant ainsi, je pensais couper court à cette conversation inopportune. En récupérant les morceaux de ce qu'avait été mon smartphone, j’eus l'impression de ramasser par la même occasion les débris de ma vie. Oui, ça doit être ça cette sensation...
Une vie fichue, simplement parce que j'ai toujours tout fait pour la foutre en l'air. Pourquoi ? A vrai dire je ne sais pas. Peut-être que je me disais que quelqu'un s'interposerait dans cette longue descente aux enfers. Au final, c'est ce qu'à fait mon père... D'une certaine manière, il m'a évité une chute qui aurait pu être fatale pour m'a vie, mais au lieu de m'aider à remonter la pente, il m'a directement amené au fond du gouffre. Désormais, j'ai tout le loisir de trouver seul la solution pour remonter la pente.
Lorsque le brun repris la parole, je ne pu m'empêcher de laisser échapper un soupir moqueur,décidément il était borné...

-De quoi je me mèle ? Vous ne savez pas qui je suis ! Les gens de ma famille ne sont pas au bord du précipice, on est au dessus de ça. Si vous me voyez un peu sur les nerfs, c'est que cette maudite ville m'a empêcher de faire un appel important. Mais sachez que le jour ou un Hawkins est au bord d'un précipice c'est que tout le monde est déjà tombé dedans et que nous, on les regarde de là haut!-

C'était peut-être orgueilleux et exagéré de parler ainsi, mais à part moi, tous les membres de ma famille avaient parfaitement réussis. Il faut dire que la vie les avait bien aidés. Mes parents étaient très aisés, pour ne pas dire riches, grâce au travail de trader qu'avait exercé mon père. Mon frère et ma sœur avaient simplement su profiter à bon aiscient de cet avantage non négociable qu'était l'argent, pendant que j'apprenais toutes les mauvaise choses que New York pouvait offrir à un jeune homme riche.

**Alexis Smith**

L'homme s'énerva rapidement contre Alexis qui souriait amusé. Il avait trouvé la personne qui semblait ne pas aimer cette ville. C'était parfait. Depuis le temps qu'il cherchait une personne qui n'aimait vraiment pas être là. Il le laissait parler, s'énerver avant de ramasser son appareil. Il ne semblait voir que rage chez les autres. Alexis était vraiment loin de tout cela dans cette vie. Il ne se sentait pas vraiment concerné par les conventions en ce moment. Au moins il connaissait le nom de la star locale de la rage. Il voulait le connaitre, le disséquer et le transformer en un tueur sanguinaire. Et pour la première fois il avait envie de partager son métier avec un autre.

"- En fait, je me fiche totalement de votre santé et de votre descente aux enfers. Tout ce qui m'intéresse est votre rage. Puis votre nom de famille ne me dit rien du tout."

Il mentait légèrement car tout le monde avait entendu parler de cette famille au moins une fois dans sa vie mais lui n'avait jamais cherché plus loin. Il savait juste qu'ils étaient riche et que si ce jeune homme était là c'était que ce dernier avait du être un peu abandonné par sa famille. Il le regardait, se nourrissait de sa vue comme un parasite se nourrissait de son hôte. Il ressemblait à un pervers affamé, sauf que son visage se détendit soudain en un sourire amical.

"- En fait c'est votre personnalité qui m'intéresse. Je me nomme Alexis Smith et j'ai le dur métier de vous distraire par des mots .... C'est pas tellement beau quand c'est dit ça .... Bref je suis écrivain et vous me plaisez monsieur Hawkins."

Il était direct. Aucune raison de cacher qu'il l'avait approcher pour un intérêt purement littéraire. Il avait envie de le prendre chez lui pour le faire parler avec une bonne bouteille de Whisky plutôt âgé. Bref il était assez tenté de l'empêcher de revoir la lumière du jour pendant un long moment.

"- Je vous propose un deal ! Contre votre histoire je vous paye 5 000 dollars et un nouveau téléphone de votre choix en remplacement de l'ancien. Contre une collaboration de plusieurs jours voire semaines je tablerais vers 50 000 dollars. Par contre il faudra être honnête. Votre histoire va juste me permettre d'approcher un caractère pour un personnage. Je vous aime bien."

Oui Alexis avait des idées spéciales. En plus il se sentait assez fier de les dire où tout autre aurait envie de se cacher dans un trou en demandant. Il regarda l'homme en attendant la réponse.

**David Hawkins**

Après avoir débité ce que j'avais sur le cœur à l'homme, je n'aurais jamais pu imaginer qu'il allait continuer le fil de notre « conversation ». D'ailleurs, la tournure que prenait cette dernière était plutôt originale. Au final, cet homme m'intriguait, je le laissa donc parler.
Lorsque cet original pointa le fait que mon nom de famille ne lui disait rien du tout, je ne pu m'empêcher de laisser un sourire au coin se dessiner. Énormément de monde avait entendu parler de ma famille. Nous étions connus, du moins à Boston et à New York. Cette homme devait probablement être un natif de Red Wing, ou complètement ermite pour ne pas avoir entendu parler de mon père.
Au moment où l'homme se présenta et enchaîna en affirmant qu'il était écrivain, je ne pu m'empêcher de penser que ce nom m'était complètement inconnu. Je n'avais plus le loisir de me plonger dans les bouquin, néanmoins je connaissais un certains nombre de noms d'auteurs connus bien que je n'ai, la plupart du temps, pas pris la peine de les lire.

-Votre nom ne me dit rien du tout non plus. C'est plus embarrassant dans votre cas que dans le mien. Vous écrivez quoi ? Des nouvelles pour le petit journal de Red Wing?-

C'était une pique gratuite, peut-être, mais au fond j'étais sincère. De plus, on ne pouvait pas refouler entièrement sa rage en quelques secondes, sa faisait du bien d'utiliser le sarcasme pour évacuer un peu.
Lorsque l'écrivain me proposa son « deal » j'eu l'impression qu'une lumière éclaira mes yeux. *Calme -toi, un peu de retenue !*. Il faut dire que c'est rare qu'on vous propose une telle somme d'argent, plus le remboursement du portable que vous venez de détruire, en échange de quelques anecdotes sur sa propre vie. D'ailleurs ce « deal » me paraissait plutôt suspect. Un écrivain inconnu s'intéresse à vous pour écrire votre histoire qu'il ne connait pas encore, dans, sans nulle doute, une chronique hebdomadaire d'une petite ville minable. Et tout ça pour la maudite somme de 50'000 dollars, si ça se faisait en quelques semaine ! D'où cet Alexis Smith sortait tout cet argent ?

-Franchement ça me paraît plutôt suspect. Vous paieriez une telle somme à un inconnu pour une histoire que vous ne connaissez pas encore ? Et si j'acceptais et qu'il s'avérait que j'étais monsieur tout le monde, et que ma vie se résume à métro-boulot-dodo, vous me paieriez quand même?-

Bon il ne fallait pas se mentir à soit même. Si l'écrivain était honnête, je n'avais aucune excuse pour ne pas accepter l'offre. Mon métier de vendeur minable ne me permettrait jamais de gagner autant d'argent. D'ailleurs, je n'étais même pas sûr de pouvoir me racheter un nouveau portable tout en payant la location de mon studio ce mois-ci.
Je passa mes doigts dans mes cheveux tout en réfléchissant à l'offre d'Alexis Smith. Et même si toute cette histoire tenait la route, je devrai mettre de coté toute ma fierté. Un Hawkins qui accepte avec grand joie l'argent d'un inconnu. J'étais tombé bien bas...
Je pris une profonde inspiration. Au diable ma fierté, ça fait bien longtemps qu'elle a été souillée !

-Je serai potentiellement prêt à accepter, si j'ai la garantie que ce n'est pas une embrouille. Un écrivain de village peut difficilement sortir 50'000 dollars comme ça. -

Je fixais le jeune homme, comme si je pourrai ainsi découvrir son secret, et savoir d' où sort sa fortune. L'écrivain était plutôt mince, il devait avoir environ le même âge que moi, avec peut-être plus d'assurance que moi. Je ne suis pas quelqu'un de peu sûr de moi, mais disons que cet homme ne dégageait pas la même assurance que moi, il était plus....solennel.

-Au faite, monsieur Hawkins c'est mon père, moi c'est David.- Je lui tendis ma main, afin de finaliser de manière plus correcte nos présentations.

**Alexis Smith**

L'homme doutait de lui et Alexis souriait avec un certain amusement. Il croyait réellement de lui qu'il allait laisser son véritable nom apparaître sur ses livres et être envahit par des fans assez fous. En tout cas il se sentait pas assez à l'aise pour le faire.

"- J'écris sous le pseudonyme de Goshtlain, fantasy et romans noirs. Voilà pourquoi vous n'avez pas entendu parler de moi sous le nom de Smith. Je n'ai pas envie d'avoir une horde de journalistes à ma porte. Encore que si un ou une est assez sexy ... Mais bon, c'est comme cela."

Le jeune homme posait de bonnes questions. Allait-il être payé ? C'était une question des plus intéressantes. Et Alexis souriait de l'entendre. Il continua de l'écouter avant de lui répondre. C'était ainsi qu'il fonctionnait souvent.

"- Même si c'est ainsi vous serez payez car vous allez m'offrir un peu de votre vie et de votre caractère surtout. Alors oui vous serez payez David. Et puis écrivain de campagne n'est pas réellement ma vie ... J'ai fuis New York pour pouvoir respirer juste."

Il sourit doucement avant de le laisser se décider si oui ou non il allait lui parler. Car il n'avait pas envie de se dire que l'homme allait accepter ou refuser par péché d'orgueil. Puis de toute façon il aimait regarder le lieu où ils étaient. Il avait cru comprendre que le jeune homme était un peu brouillé avec sa famille, mais cela restait à confirmer.

Spoiler:

**David Hawkins**

Goshtlain, oui ce nom me disait vaguement quelque chose. Lorsque l'écrivain précisa qu'il avait choisis un pseudonyme pour ne pas être ennuyé par une horde de fan, cela me paru plutôt logique, bien que ça ne m'était pas directement venu à l'esprit. En revanche, je ne pu m'empêcher de tiquer lorsqu'il ajouta ne pas être désintéressé par un ou une journaliste sexy. Je pris quelques secondes avant d'intégrer réellement l'information. Décidément, cette petite ville était remplie de personnes indécises. Je ne peux concevoir la bisexualité comme une réelle orientation sexuelle. Je considère plus ça comme un intermédiaire, pour des personnes qui ne savent pas faire de choix, si choix il y a faire. On pourrait comparer ces personnes à l'enfant qui ne sait pas si il préfère manger ses frites ou ses nuggets. Au final il met les deux à la bouche, mais ça perd de sa saveur. Non clairement, il m'est inenvisageable de passer de l'autre coté, ne serait-ce que pour expérimenter. Et je ne comprends encore moins ces personnes qui préférent rester entre les deux. Oh.. souvent ils ont de beaux discours « tant que tu n'essaies pas, tu ne peux pas dire que tu n'aimes pas. » Au contraire, je peux parfaitement dire que je n'aime pas même sans essayer. Un homme, pour moi, c'est soit un pote, ou soit un potentiel rival, point barre.

Lorsque l'homme enchaîna en affirmant que je serai de toute manière payé, et qu'il n'était pas un écrivain de campagne, mais qu'il était de New York. Cela me rassura d'une certaine manière. Oui, j'avais compris que ce Smith n'était pas inconnu des éditeurs. Sinon le nom de Goshtlain me serait étranger. Ensuite, si je connais ce nom, c'est que son « buisness » marche plutôt bien, voilà l'explication de cette grosse somme d'argent proposée pour quelques médiocres informations fournises en échange. Et pour finir c'était un New-yorkais ! Oui, on ne peut pas se fier à tout les New-yorkais, mais ça me ferait du bien de parler à quelqu'un qui connait autre chose que cette ville et surtout qui connait la ville que j'apprécie le plus. En revanche, je doute que ce sentiment pour New-York, soit complètement partagé :

-Vous avez fuis New-York ! Pour ma part, j'ai plutôt l'impression contraire, elle ne m'a pas fuit, mais elle m'a laissé tombé pour une durée indéterminée! -

Ca m'étonnais quand même qu'un New-yorkais, de plus un écrivain, il est censé être informé, ou du moins instruit, n'ai jamais entendu parlé du « temple » , si on peut parler comme ça de la fortune de ma famille, qu'avait bâti mon père. Pfff... ces écrivains, c'est comme les journalistes, complètement baratineurs et menteurs, j'en suis certains. Mais quoi qu'il en soit je n'allais pas me priver de ce « petit » coup de pouce financier. Avec un peu de chance, je pourrai quitter plus vite que prévu ce trou perdu.

- J'accepte votre offre, même si il m'est difficile de faire confiance à votre « espèce ». Pour inventer de tels histoire, il faut au fond être un peu torturé et menteur non!?- Je souris à l'écrivain puis ajouta – Après tout, moi, j'ai rien à perdre là dedans-

**Alexis Smith**

Alexis commença à éclater de rire. Ce jeune homme était réellement amusant. On dirait qu'il n'était pas trop les personnes qui jouaient sur les deux tableaux, mais en même temps le plaisir peut se prendre partout et il n'allait pas non plus chercher à le faire changer d'avis. Il n'était pas encore aussi trivial. Et ce dernier avait un point de vue sur son travail qui l'étonnait et lui plaisait énormément. Ce métier était empli de mensonges en effet mais en même temps ils vendaient du rêve alors qu'est ce qu'un mensonge face à cela ? Mais cette vision était vraiment plaisante pour lui. Ce dernier n'allait pas baver sur son boulot comme certains fans qui ne pensaient qu'à avoir un autographe pour faire les stars. Oui il haïssait cette partie de la célébrité. Et puis New-York était la ville où il avait été abandonné.

"- New York ne me rappelle qu'un seul bon souvenir, celui de l'homme chez qui j'ai découvert le plaisir de parler d'un livre, de le manipuler. Le reste n'est que noirceur et cela semble être pareil pour vous pour cette ville. New York vous reviendra rapidement, n'ayez crainte. Elle ne lâche personne."

Et surtout pas lui. Un homme tel que David ne pourrait pas rester toute sa vie loin de New York. C'était une certitude pour lui. Mais lui espérait un peu stupidement que New York ne serait pas là pour l’appeler à nouveau en son sein car il en souffrirait trop. Comment ne pas souffrir de se rappeler qu'il avait été abandonné en son sein comme un gamin perdu et sans les livres il aurait fini comme tous ses jeunes qui deviennent violents pour montrer qu'ils existent.

**David Hawkins**

Oui, j’espérais bien que New-York me reviendrait rapidement, la seule chose que je craignais c'est qu'entre temps j'ai trop changé pour que cette ville m'offre les même bienfaits. J'ai toujours détesté le changement, le temps qui passe. On change, et on ne s'en rend même pas compte, si c'est pas tragique ! C'est même effrayant.
L'écrivain, quant à lui, ne gardait qu'un seul bon souvenir de la grande pomme et semblait déjà appréhender le jour où il devrait pour une raison ou une autre y retourner. Nous semblions être deux opposés parfaits.

-Le jour où New-York, vous rappellera, j'espère que j'y serai déjà, et je vous montrerai comment profiter de cette ville, sans qu'elle ne vous consume trop.-

Oui, je sais profiter de la vie, du moins je le savais. En revanche, la grande pomme m'a bien « fumé » si on peut dire ça comme ça. Je ne pense pas qu'il soit possible de sortir « indemne » d'une vie dans ce genre de ville. Et ce Smith ne me contredira surement pas. En revanche, la prochaine fois je serai plus prudent et je profiterai autant.
Tout à coup j'eu comme une poussée d'adrénaline qui me sortit de mes pensée. J'étais venu ici pour passer ma pause déjeuner. Je regarda rapidement l'heure sur ma montre...Oui, c'est bien ce que je redoutais, il me restait tout juste le temps de rentrer, avant d'arriver encore une fois en retard au travail.

-En attendant c'est mon travail qui m'appelle. Je doute que mon patron accepte encore un retard, si j'avais été à sa place, je me serais déjà viré. Je ne sais pas ce qui le retient de le faire.-

En moins d'un mois, j'avais réussi à me pointer au travail une fois avec la gueule de bois, et arriver 2 ou 3 fois en retard. Des petits retards, certes, mais en retard quand même. Alors même si mon homo de patron semblait plutôt indulgent, je n'avais pas l'intention de trop tenter le Diable. Ce travail, aussi peu glorieux soit-il, j'en avais réellement besoin.

-Je...euh..non je ne peux pas vous laisser mon numéro, j'aurais de la peine à vous répondre avec les restes de mon portable. Mais...- Je réfléchis un instant à comment l'écrivain et moi pourrions nous recontacter, non il n'était pas question qu'il vienne à mon lieu de travail. - Dites-moi quand vous seriez libre, pour écouter ma fantastique vie.- J'avais utilisé un ton très ironique, mais en aucun cas arrogant. Alexis Smith semblait être un original, je ne lui ferai sans doute jamais entièrement confiance, mais il n'avait pas l'air bien méchant sous ses airs un peu snobinets.

**Alexis Smith**

L'homme semblait penser qu'il retournerait aussi un jour à New York, mais il n'y retournerait qu'entre quatre planches. Et même comme cela il ferait tout pour ne pas y retourner avant cette possible mort.

"- Je haïs cette ville plus que tout autre lieu. Alors croyez-moi que je n'y remettrais jamais les pieds. Son air me révulse, sa vue me dégoûte, son bruit me fait vomir. Cette ville est la personnification de la cruauté humaine et si je devais décider de son sort je la raserais sans aucun remord sauf ma librairie. Seul lieu où la puanteur de New York n'avait pas pourrit les gens. Désolé mais certaines choses ne devraient jamais se savoir pour vivre en paix."

Il avait souvent des sautes d'humeurs assez violentes ... Mais il ne savait pas que sa "maladie" empirait depuis qu'il savait que sa mère avait recréer une famille. Son dégoût de la vie s'était transférer sur cette femme, et cette ville qui la représentait. Il allait aider son nouveau frère et détruire cette femme.

"- Pour les rendez-vous ? Je suis tout le temps disponible alors je vous laisse simplement mon adresse. Vous n'aurez qu'à y passer quand vous vous sentirez prêt à vous libérer de ce passé pour affronter cette épreuve David. Après tout les personnes nées dans la richesse oublient souvent que pour y arriver leurs ancêtres ont du suer comme jamais pour la bâtir. Enfin c'est pas tout mais les brownies du café m'attendent aussi. Bonne journée de travail David."

Il lui laissa une carte professionnelle bidon pour quand on lui demande son métier et il s'en alla en se massant les tempes. Cette migraine ne semblait pas prête de passer.

**David Hawkins**

Le changement d'attitude de l'écrivain était...étonnant, voir même presque effrayant. Oui, j'avais vraiment raison, ces personnes, les écrivains, étaient tous plus ou moins dérangées. Dans le cas de cet Alexis Smith, il devait faire partie de la catégorie « plus ».
Il avait une haine tellement prononcé pour la grande pomme, qu'en j'en vins à me demander pourquoi il ne s'utilisait pas lui-même comme personnage de romans. Je l'aurais bien vu en un de ces élèves au lycée complètement mis à part, rejetés. Puis un jour, ils pètent les plombs et mettent une bombe dans un train. Alexis n'était peut-être pas un futur terroriste, mais heureusement qu'il avait trouvé une manière d'évacuer ses sombres pensées. Autrement, je pense que sa place aurait été dans un asile...

Je ne répondis pas à ce qu'avait dit l'homme. Il n'était pas question de le contrarier et qu'il change d'avis. L’appât du gain est plus fort que tout, et tant que je n'aurais pas reçu l'argent, je ne compte pas m'en faire un ennemi. Pourtant, sa remarque sur « les personnes nées dans la richesse » qui « oublient souvent que pour y arriver leurs ancêtres ont du suer comme jamais pour la bâtir » m'avait plutôt gênée, voir même contrarié. Il ne me connaissait pas, même si c'est vrai que je n'ai jamais manqué de rien, cela ne veut pas dire que j'ai toujours été heureux et bien dans ma peau. Les gens ont tendance à croire que je suis le fils à papa, qui profite, et qui se plaint sans jamais se rendre compte qu'il y pire que moi. Mais en faisant ça ils jugent ce qu'ils ne connaissent pas. C'est pas si facile de faire partie d'une telle famille. On a dès notre plus tendre enfance comme une pression, qui nous oblige à garder toujours la tête haute, être fiere, parce qu'on représente la famille, et que l'apparence, au fond, c'est une de choses les plus importantes. Cet homme, ce Alexis Smith, n'a sans doute jamais connu ça. Il s'est sans doute construit tout seul, d'où le mépris qu'il semble avoir pour les « enfants de riches ». Mais il ne connait pas l'avantage qu'il a d'être parti de rien. Son image il se l'est forgée comme il voulait, les gens ne le juge pas comme si il était un parasite, au contraire, ils l'admirent car il a su aller « si haut » tout « seul ».
Lorsque l'homme eu finit de parler, j'hocha la tête et pris sa carte.

-Merci bien, et à une prochaine-

Je m'en alla, en repensant à cette rencontre étrange. Nous sommes vraiment de deux mondes différents.

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