L

a pluie vient me réveiller de bon matin -à peine quatre heures - je me lève en tremblant. Et j'enlève mon lit d'en dessous le trou du toit, puis je vais dans le placard qui me sert de salle de bain. J'allume une bougie d'une main tremblante, car j'ai peur de réveiller mon père. Ensuite je regarde dans un bout de miroir l'état de mes blessures, puis je vais chercher mon maquillage. Je fais toujours attention à ne faire aucun bruit, pour éviter d'être puni. Je reviens dans la salle de bain et commence à me rincer le corps avec de l'eau avant de me badigeonner le corps avec le fond de teint. Je fais attentions à n'oublier aucune parcelle de mon corps. Je ne veux pas être brûlés quelques parts à cause de ça. Je me souviens encore de la dernière fois que j'ai oublié mes mains : papa l'a remarqué et ma mit la main sur le feu de la gazinière, ça a fait beaucoup plus mal qu'un coup. J'en ai beaucoup pleuré, d'ailleurs la marque de brûlure n'est pas partie et elle est dure à dissimuler. Je regarde ma main et vérifie que je l'ai bien maquillé, je soupire de soulagement en la voyant en la voyant parfaitement maquiller. Je vais ranger mon maquillage.
Puis je descends dans la cuisine pour préparer le déjeuner de mon papa toujours dans un silence de mort. J'ouvre les placards et j'attrape les deux croissant survivant et le fond de café qu'il reste. J'attrape la cafetière et prépare le café de papa en soupirant. Il ne va pas être content, il ne reste presque rien à manger. Je baisse la tête, je vais devoir aller travailler ce soir pour rapporter de l'argent. Je tremble à cette idée, je déteste le travail que je dois faire pour ramener à des sous. Malheureusement je n'ai pas tellement le choix, on a besoin de sous pour vivre et avec son travail papa ne gagne pas beaucoup. Enfin si, il gagne suffisamment d'argent, mais il le dépense dans l'alcool et les jeux. Je gémis à ces mauvaises pensées : je ne dois pas penser à papa en mal, ce n'est pas bien. Je me frappe pour me punir moi-même.
Puis je sors un plateau et met le déjeuné de papa dessus. Je le monte dans sa chambre et le pose sur le bureau. Ensuite je m'approche de mon père pour le réveiller. Je dois m'y reprendre à plusieurs fois, car il refuse de se réveiller. Soudain une gifle monumentale décolle et je gémis. Mon père se réveille en grognant, il me toise méchamment sans pour autant m'adresser la parole. Il regarde le déjeuné et ne semble pas content. Je me mets à trembler et recule d'un pas, tandis qu'il attrape une ceinture. Comme prévu il fait pleuvoir une pluie de coups sur moi, avant de me jeter dehors pour que j'aille à l'école. Je me relève et vérifie que mon maquillage ne soit pas abîmé, par chance il ne l'est pas. Je pars donc pour l'école en traînant des pieds.
Une fois là-bas j'évite les regards méprisant des autres et je vais au fond de la classe comme d'habitude. Durant toute la mâtiné personne ne fait attention a moi, je suis comme un fantôme. Je me sens seul et triste, en plus mes amis imaginaires ne sont pas là. J'ai envie de pleurer, mais je me retiens. La cloche sonne pour annoncer la récrée et tout le monde sors même moi. Je vais au fond de la cour, là où personne ne va et je m'assois par terre attendant mes amis. J'attends et j'attends, mais ils ne viennent pas. La sonnerie retentit de nouveau et je retourne en classe. Je vais pour m'asseoir à ma place quand un élève me fait un croche patte. Je tombe et m'écorche la main, je gémis de douleur et me regarde ma main qui saigne.
Ma maitresse inquiète appelle les pompiers pour qu'on m'emmène à l'hôpital. Ils arrivent vite, mais en les voyant je proteste. Je me débats tout le long du chemin pour ne pas y aller, inventant des excuses bidons du genre : mon père n'a pas assez d'argent pour payer. Bon ce n'est pas tout à fait bidons, mais presque. Je pleure sans m'arrêter en mordant ceux qui veulent m'emmener voir un médecin. Mais malgré tous mes efforts j'atterris devant le médecin Chesterfield, à ce que j'ai compris. Je le regarde pleurant toujours et j'essaie de lui échapper. Je ne veux pas qu'il me touche, s'il découvre ma blessure papa me tuera. Je tremble et fini par tomber, car je perds toujours du sang et je n'ai pas mangé ce matin. J'ai la tête qui tourne et je m'assieds sur le sol. Je n'ai plus le courage d'essayer de lui échapper.

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T

out mon être me cris de l'empêcher de me toucher, mais je suis si faible. Mon corps semble se vider de toute son énergie. Pourtant, j'ai l'habitude de saigner, je saigne tous les jours. Je regarde fixement la main qui saigne perplexe. Je ne comprends pas pourquoi je me sens si faible. Je n'arrive même pas à écouter un mot de ce que me dit le médecin. Tout ce que je sais c'est que j'ai faim, j'ai froid, j'ai mal. Oui j'ai très mal à ma main, j'ai l'impression que la brûlure s'enflamme de nouveau. Je gémis de douleur et tente de bouger ma main pour voir si elle fonctionne toujours. Elle bouge, mais chaque mouvement réanime de plus en plus le feu. J 'ai envie de pleurer, mais je n'ai pas le droit alors je garde mes larmes en moi et je tente de me concentrer de nouveau sur ce que dit le médecin.
Je parviens à entendre sa voix un peu mieux, mais en entendant ses dires tout mon corps ce glace d'effroi. Il veut voir ma blessure, mais moi je ne veux pas. Il ne doit rien toucher, sinon je vais être puni. Je le regarde m'apprêtant à le mordre, mais je n'ai pas le temps de réagir qu'il a déjà mis une compresse dessus. Je le regarde, puis je regarde ma main, je sais qu'il n'a pas fini de la soigner. Je fronce les sourcils en colère, je ne veux pas qu'on me touche. J'arrache la compresse et recule en grognant. Je ne me sens toujours pas bien, mais je m'en fiche. Je dois faire attention à ne pas être soigné, quitte à passer pour un fou.

-Vous avez pas le droit de me toucher.... vous avez pas le droit … Vous... VOUS AVEZ PAS LE DROIT !

e me suis mis à hurler pour la dernière répétition et pourtant dans mes yeux règnent la peur et non la colère. Oui j'ai peur, peur d'être encore puni ce soir, peur qu'on me juge encore, peur d'être pris pour un fou. Mais je n'ai pas le choix je dois être puni, mais pour l'être moins je dois me faire juger et traiter de fou par les gens de l'extérieur. J'en ai marre de faire ainsi, je me sens sale quand on me regarde avec un air méprisant. Je vais me cacher sous l'espèce de lit, pour ne pas voir le médecin me regarder comme ça aussi. Je fonds en larme ne pouvant plus me retenir et j'appelle mes amis imaginaires.
Il n'y a qu'eux qui me comprennent, ce sont les seuls qui ne me juge pas. Mais aujourd'hui ils ne sont pas là et je ne sais pas pourquoi. Je ne sais pas ce que j'ai fait pour qu'ils me fuient. Je pleure un peu plus continuant de les appeler tout bas. Mais ils ne répondent pas, ils ne semblent pas vouloir venir, alors je hurle pour qu'ils viennent. Je hurle sans relâche leur prénoms, mais rien je pleure encore plus. Je suis perdu, totalement perdu. Je ne sais pas ce que j'ai fait, mais je l'ai fait. Je me roule en boule en dessous de ce lit et refuse de bouger.
J'ai l'habitude d'être abandonné, mais pas par eux. J'ai l'impression d'avoir été trahi ou d'être le pire des monstre. Je ne sais pas exactement ce que je ressens. Je pense que je ressens juste une grande tristesse, une énorme honte et une grande haine envers quelqu'un. Non en fait pas envers quelqu'un, mais envers moi-même. Je me sens encore plus sale que d'habitude : je suis la pire créature existant en ce bas monde. Oui c'est ça, c'est exactement ça, je ne suis qu'un horrible monstre : je suis un tueur. Je ne suis pas humain, car aucun être humain ne tue sans raison comme moi.

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