C'était une journée tout à fait normale, une journée parmi tant d'autres. Juste une journée où je vivais ma petite vie tranquille, comme si rien ne s'était passé. Comme si Gabriel n'était pas de retour, comme si je continuais à vivre normalement. Je m'étais levée, je m'étais douchée, je m'étais occupée de Luciole, mon chat. J'avais pris un rapide petit déjeuné, avec elle pour seule compagnie. Fin prête, j'étais simplement sortis de chez moi pour monter en voiture et conduire en direction de la fac. J'assistai à mes cours. J'étais concentrée, malgré que j'assistais au cours de Lewis. Misère. J'avais vraiment pas de chance puisque même mes coups d'un soir, je devais les revoir ensuite haha. Lewis... N'empêche qu'il était bien mignon. Adorable en plus. Et son cours... Juste super intéressant. Il n'y avait aucun doute la dessus, je ne regrettais malgré tout pas le choix de mon option. Après mon dernier cours, j'avais décidé que j'irais dans cette petite boutique que j'avais repéré. Je n'y étais encore jamais allé. Manque de temps. Elle n'était pas toute récente mais elle n'était pas bien vieille non plus. J'avais rangé mes affaires dans mon sac puis j'étais partis de la fac pour y aller. Je ne travaillais pas ce jour-là, exceptionnellement.

Je pénétrai dans la boutique et j'eus cette impression de me retrouver face à la caverne d'Ali Baba. Je souriais, émerveillée par tant de jolies choses. Je fis le tour de magasin, sans chercher quoi que ce soit de particulier. Quand on me percuta. Je grimaçai et vis alors les cartons tomber. L'homme s'énerva sur moi. J'aurais pu m'énerver moi aussi mais je n'en avais pas envie. Pas le moins du monde. Je me mis à rire doucement puis à sourire. Je lui tendis ma main. "Je suis désolée. Rien de cassé?" Je souriais toujours. J'étais de tellement bonne humeur que je n'avais même pas le coeur à m'énerver ou à râler pour quoi que ce soit. "Je m'appelle Charlie. Je vous offre un café pour me faire pardonner votre maladresse?" Je ris doucement, mais surtout naturellement. J'avais fais exprès de formuler ma phrase comme ça. C'était une façon de montrer qu'on savait tout les deux que c'était de sa faute mais que je ne lui en voulais pas le moins du monde, ni de m'avoir percutée, ni d'avoir passé ses nerfs sur moi comme il l'avait fait.

Le jeune homme avait accepté de prendre ma main pour se relever, ce qui était relativement bon signe dans la conjoncture actuelle de la situation. Il n'était peut-être pas si ronchon qu'il en avait l'air. Une chose était sûre, il avait eu de la chance que je sois d'aussi bonne humeur. Sinon, il aurait peut-être eu en face de lui une Charlie bien différente. Je m'étais présentée et lui avais proposé un café, ce à quoi il me répondit en se présentant à son tour. Était-il réellement enchanté ou disait-il ça uniquement pour paraître gentil? "Et je veux bien ce café du... pardon, mais avant je vais réparer la bêtise" Je ris doucement et l'aidai malgré tout à remettre en place ce qu'il avait maladroitement fait tomber. Je l'aidais de bon cœur, j'étais réellement de bonne humeur et ça me faisait plaisir, mais aussi du bien, de faire la rencontre d'une nouvelle personne. Ça allait me changer de mon quotidien et ça allait aussi sans aucun doutes possible me changer les idées. Ou du moins, je l'espérais. J'espérais ne pas penser à Gabriel, ne pas penser à ma petite vie, à mes cours, mes rencontres du passé, tout ça quoi. J'espérais profiter de cette rencontre pour parler d'autre chose, pour faire connaissance avec une nouvelle personne. Peut-être que le courant ne passera pas entre nous, je ne pouvais pas prévoir ça à l'avance. Mais au moins, j'aurais le plaisir de me dire que j'aurais essayé. "Comme vous pouvez vous en douter je suis nouveau à bisounourse land, et j'ai quelques anciennes habitudes qu'on obtient en vivant trop longtemps parmi les sauvages des grandes villes." Je me mis à rire de très bon cœur. "Bisounours Land? Vraiment? C'est ce que vous pensez de Red Wings? Je souriais toujours. Je savais que beaucoup de gens d'ici rêvaient de partir pour une grande ville, telle que New-York ou encore Paris, Los Angeles, Londres,... Gabriel aussi était partis. Il ne supportait plus cette ville. Personnellement, j'y étais née et j'y avais grandis... Et elle me plaisait bien. J'y avais tout mes repères au moins. Et je ne m'y sentais pas si mal que ça.

"Vous inquiétez pas, vous vous habituerez à la ville. Et je sais où on peut aller pour aller boire ce café." Je fis référence à ça puisqu'il m'avait dit ignoré où on pouvait aller le boire. Je connaissais la ville comme ma poche alors je savais très bien où il nous était possible d'aller. La vendeuse nous regarda, sans doute à cause du bruit que nous avions fait. "Je crois que c'est mieux que je parte de ce souk !", me dit-il après avoir dit à la vendeuse qu'il n'avait rien de cassé. Je ris en lui répondant: "Oui il vaut mieux avant que vous ne soyez fiché." Je lui pris la main pour l'entraîner dehors. Mais qu'est-ce-que j'étais en train de faire? J'étais parfois impulsive mais là, David restait tout de même un étranger. Arrivés en dehors de la boutique, je le lâchai en m'excusant, un peu gênée d'avoir fait ça, réalisant que c'était peut-être déplacé. "Jsuis désolée... Je peux être impulsive parfois..." Je ris nerveusement en changeant de sujet: "Il y a un café juste au coin de la rue, on a qu'à y aller..." Je souris et l'y guidai. Nous entrâmes et nous installâmes à une table, pour passer commande. Je choisis un soda et laissai David commander avant que la serveuse ne s'éloigne. Je reposai mes yeux sur lui pour lui demander: "Vous êtes arrivés quand ici?"

• Lorsque la jeune femme se mis à rire face à la remarque que j'avais faite sur la ville, je ne pu m'empêcher de l'imiter, mais avec un peu moins d'enthousiasme peut-être. En effet, la façon de le dire était peut-être comique, néanmoins ça restait réellement l'image que je m'étais faite de la ville.
  
  -Oui, c'est l'impression qu'elle me donne, pas vous !? On se croirait à Disney Land: tout le monde il est gentil, tout le monde il est beau, et rien ne va mal. Faut croire que je dois être le seul à trouver ça suspect et à ne pas réussir à l'apprécier vraiment.- je marqua un temps de pause avant de reprendre. -En y réfléchissant bien, même dans les Disney's il y a toujours un trouble fête jamais content, ça doit donc être moi.-
  
  C'est vrai qu'au fond je ne suis jamais vraiment satisfait. J'arrive dans une petite ville aux apparences très sympathiques, les habitants y sont accueillants, j'y ai facilement trouvé un petit job alors que je n'ai aucunes réelles qualification. Effectivement, ce n'est pas mes études de philosophie, non terminées de surcroît, qui m'ont aidé à décrocher mon job.
  Je suis certains qu'à New York je n'aurais jamais pu me « reconstruire » ou plutôt me « construire » si facilement. Quoique...peut-être que mon nom de famille aurait pu jouer en ma faveur, mais dans tous les cas j'aurais été observé et attendu au tournant, ce qui n'est pas le cas dans ce trou, puisque je suis un inconnu. Cette petite ville semble donc présenter plus d'avantages que d'inconvénients, et pourtant, je ne m'y sens pas à ma place, et je doute qu'un jour je m'y sentirais à l'aise.
  
  Lorsque la brune ajouta que je m'habituerai à cette ville, je ne pu m'empêcher de faire la moue. Je venais justement de penser le contraire. En réalité, je n'espère pas me donner le temps de m'y habituer, j'aimerais repartir au plus vite afin de retrouver mon « monde », ma place.
  
  -Je ne pense pas rester longtemps ici. Alors avec un peu de chance je garde mes mauvaises habitudes et je ne saurai pas dépaysé ou bisounoursé quand je rentrerai chez moi.- je souris à Charlie puis je hocha la tête lorsqu'elle affirma qu'elle savait où nous pourrions prendre le fameux café.
  
  « Oui, il vaut mieux avant que vous soyez fiché » A ces mots je ne pu m'empêcher de rire, cette fois de bon cœur, avant de lui répondre :
  -Vous avez ce genre de technologie à Red Wings !? - A peine avais-je eu le temps de terminer ma phrase pleine de sarcasme (mais un sarcasme bon enfant) que la jolie brune m'avait pris la main et m'entraîna hors de Creative Minds. Sa réaction spontanée m'avait quelque peu pris de court, bien qu'elle ne m'ait pas du tout gêné, ce qui ne semblait pas être le cas de Charlie. Lorsque cette dernière me présenta des excuses qui n'avaient pas lieux d'être, je souris au coin avant de répondre :
  -C'est rien y a pas de mal-
  Ici les jolies filles s'excusent lorsqu'elles te prennent la main, et à New-York on t'insulte lorsqu'on manque de te renverser. Comment je peux avoir le mal du « pays » ? Dis comme ça, Red Wings semble paradisiaque à côté de la ville qui me manque tant...
  
  Après que Charlie ait commandé son soda, je me laissa encore quelques moments de réflexion. Quelque chose d'alcoolisé ou pas ? Non, on est en milieu d'après-midi on va être raisonnable. Je m'apprêtais à demander la même chose que la brune, avant de me raviser et de commander une bière. C'est un bon compromis, une bière l'après-midi c'est normal, rien de bien extravagant.
  
  « Vous êtes arrivés quand ici ? »
  
  - On peut se tutoyer, non?- Je souris à la jeune femme avant de reprendre. -En faite je viens tout juste d'arriver. Je suis tombé sur cette ville complètement par hasard, à la base je ne comptais pas m'y arrêter, mais disons que mes plans ont été quelques peu ébranlés. Donc contre mon gré je reste ici, le temps de pouvoir repartir.-
  
  Je n'allais pas lui expliquer tous les détails en précisant qu'en fait, mon très chère paternel avait décidé de me couper les vivres pendant que j'entamais un année sabbatique à travers les Etats-Unis. Brillante idée...Je me retrouve dans le premier trou perdu, à faire le vendeur, alors que mon frère et ma sœur profitent de « l'empire » que s'est construit mon trader de père. La seule chose que j'espère c'est que le jour où je retourne chez moi, mes aventures à Red Wings en tant que vendeur ne se seront pas ébruitées. J'ai déjà perdu beaucoup, je ne veux pas perdre ma réputation à New-York.
  
  -Et toi, je suppose que tu n'es pas toute nouvelle ici !? Tu fais quoi dans la vie, à part proposer un café au premier imbécile que tu croises dans les magasins?-
  
  Je m'étonna moi-même en voyant que ma bonne humeur était revenue, en tout cas provisoirement. Je l'avais perdue depuis mon arrivée dans ce trou. Il faut dire que les mauvaises nouvelles s'étaient accumulées et que je n'avais plus vraiment eu le loisir de parler à mes anciens amis, ne serait-ce par téléphone. Non pas que je n'avais plus le temps, au contraire, seulement ils ne me répondaient plus. « Plus de David en ville, pas grave on lui trouvera un remplaçant ». Oui, je savais que ce n'était pas des gens sur qui on pouvait compter. Néanmoins ça fait quand même mal de se rendre compte que tout le monde peut très bien se passer de vous, même votre frère et votre sœur...Comme quoi personne n'est indispensable.